13 octobre 2006

Les femmes et les enfants d'abord









T h é r è s e
Vous l'entendez il ne pense qu'à l'amour
Petit air de musette
Mange-toi les pieds à la Sainte-Menehould
Grosse caisse
Mais il me semble que la barbe me pousse
Ma poitrine se détache
Elle pousse un grand cri et entr'ouvre sa blouse dont il en sort ses mamelles, l'une rouge, l'autre bleue et, comme elle les lâche, elles s'envolent, ballons d'enfants, mais restent retenues par les fils
Envolez-vous oiseaux de ma faiblesse
Et caetera
Comme c'est joli les appas féminins
C'est mignon tout plein
On en mangerait
Elle tire le fil des ballons et les fait danser
Mais trêve de bêtises
Ne nous livrons pas à l'aéronautique
Il y a toujours quelque avantage à pratiquer la vertu
Le vice est après tout une chose dangereuse
C'est pourquoi il vaut mieux sacrifier une beauté
Qui peut être une occasion de péché
Débarrassons-nous de nos mamelles
Elle allume un briquet et les fait exploser, puis elle fait une belle grimace avec double pied de nez aux spectateurs et leur jette des balles qu'elle a dans son corsage

Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, Acte premier, scène première, lisible dans cette bibliothèque virtuelle ... qui me fait penser à ce conte sanan du Burkina Faso intitulé "La fille sans sein" que doit étudier Daphné dans son cours de français.




La fille sans seins

Une fille était née et… elle n’avait pas de seins.
Cette fille avait huit frères, elle avait huit frères et elle n’avait pas de seins.
Une jour quelqu’un vint leur dire que l’on trouvait des seins à Koroba, on trouvait des seins, ils n’avaient qu’à aller en prendre.
Aussitôt, son frère aîné se décida à y aller et, le jour même, il prit sa sœur et partit avec elle.
Une fois arrivés à Koroba, le frère aîné présenta sa requête et on lui choisit deux seins bien fermes et bien galbés qu’on lui donna.
Aussitôt il courut les apporter à sa sœur, qui les mit sur elle, et ils s’en repartirent à toute vitesse pour rentrer chez eux.
Or voilà que, soudain, surgit un oiseau qui se posta au beau milieu du chemin, barrant ainsi la route à la jeune fille.

- D’où sors-tu la fille ? D’où sors-tu donc ?
- Moi, je viens de loin, je viens de très loin.
Je m’en viens de très loin, Oiseau.
Oiseau de Koroba, je viens de très très très loin.
- Saute donc que je te regarde.
- Oh moi ! Je suis très forte pour sauter.
- Eh bien ! Saute donc que je te regarde.
- Mais je peux bien sauter, Oiseau de Koroba.
Me voilà qui saute, Oiseau de Koroba.
Me voilà qui saute, hop, hop, hop…

Et soudain… Crac… Voilà que ses seins se détachent et, une fois libérés, se mettent à courir pour s’en retourner à Koroba.
Alors, le frère aîné, honteux, la ramena à la maison… sans seins.

[…]

Contes sanan du Burkina Faso, La fille caillou, choisis, traduits et adaptés par Suzy Platiel, l’école des loisirs, Paris, 2004.





Etre dans les faits comme un enfant. C'est à cela qu'il faudrait arriver. J'y arriverai...

Michel Leiris, "28 avril", L'Afrique fantôme, Gallimard, Paris, 1934.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que les années qui passent ne t’enlèvent jamais la curiosité et l’insouciance de l’enfant !



Audrey (par mail, à l'occasion de mon anniversaire)

22 novembre, 2006