25 mai 2007

La valse





















Je bois à ta gloire mon Dieu
Toi qui m’as fait si triste
Tu m’as donné un peuple qui n’est pas bouilleur de cru
Quel vin boirai-je à ton jubilate
En cette terre qui n’est pas terre à vigne
En ce désert tous les buissons sont des cactus
Prendrai-je leurs fleurs de l’an
Pour les flammes du buisson ardent de ton désir
Dis-moi en quelle Egypte mon peuple a ses fers aux pieds

Christ je me ris de ta tristesse
O mon doux Christ
Epine pour Epine
Nous avons commune couronne d’épines
Je me convertirai puisque tu me tentes
Joseph vient à moi
Je tète déjà le sein de la vierge de ta mère
Je compte plus d’un judas sur mes doigts que toi
Mes yeux mentent à mon âme
Où le monde est agneau ton agneau pascal
Christ
Je valserai au son de ta tristesse lente

Tchicaya U’Tamsi, Christ, Epitome.



17 mai 2007

La cendre









Parce que le sacre était pour elle
la résurrection de la France
et qu’elle portait la France en elle
de la même façon qu’elle portait sa foi
……
Comment vous parlaient ces voix ?
Lui avait-on demandé quand elle était vivante
-elles me disaient : va fille de Dieu
va fille au grand cœur.
Ce pauvre cœur qui avait battu pour la France
Comme jamais cœur ne battit
On le retrouva dans les cendres
que le bourreau ne pu ou n’osa ranimer
Et l’on décida de le jeter à la Seine
"Afin que nul n’en fit des reliques"
…………
Dans le grand bruit de forges
ou se forgeait la ville
que les brésiliens appellent aujourd’hui
la capitale de l’espoir,
Jeanne et la république
Étaient toutes deux la France
parce qu’elles étaient toutes deux
l’incarnation de l’éternel appel à la justice.
…………
Le monde reconnaît la France
Lors qu’elle redevient pour tous les hommes
une figure secourable.
Et c’est pourquoi, dans les pires épreuves
Il ne perd jamais confiance en elle.

André Malraux

































Amis
Dessous la cendre
Le feu
Va tout brûler
La nuit
Pourrait descendre
Dessus
Nos amitiés

Voilà que d'autres bras tendus
S'en vont strier nos aubes claires
Voilà que de jeunes cerveaux
Refont le lit de la charogne

Nous allons compter les pendus
Au couchant d'une autre après-guerre
Et vous saluerez des drapeaux
En priant debout
Sans vergogne

Amis, dessous la cendre...

La nouvelle chasse est ouverte
Cachons nos rires basanés
Les mots s'effacent sous les poings
Et les chansons sous les discours

Si vos lèvres sont entrouvertes
Un ordre viendra les souder
Des gamins lâcheront les chiens
Sur les aveugles
Et sur les sourds

Je crie
Pour me défendre
A moi, les étrangers
La vie est bonne à prendre
Et belle à partager

Si les massacres s'accumulent
Votre mémoire s'atrophie
Et la sinistre marée noire
Couvre à nouveau notre avenir

Vous cherchez dans le crépuscule
L'espérance de la survie
Les bruits de bottes de l'Histoire
N'éveillent pas vos souvenirs

Amis, dessous la cendre...

Paroles et musique de Serge Utgé-Royo