Un prénom irlandais
Une mère de partout
Danoise, catalane
Française malgré tout
Un papa huguenot
Et citoyen du monde
Quelques fois parigot
Aux racines vagabondes
Pisseuse ou petit con
Princesse ou poulbot
Tu prendras ce prénom
Comme un premier cadeau
Il te dira le vent
Qui souffle sur Shannon
Et le vert du printemps
Sur l'île d'Avalon
Quand viendras-tu Malone
Aimeras-tu ce monde
Cette triste Babylone
Cette planète moribonde
J’ai le cœur assez grand
Pour encore de l’amour
Et pour toi, mon enfant
Lumière de mes jours
En voudras-tu longtemps
En auras-tu aussi
Pour ces fous inconscients
Qui t’offrent cette vie
Celle ci sera pleine
De plaisirs mais encore
De chagrins et de peines
Qui te rendront plus fort
La vie est un long fleuve
Tranquille ou bien funeste
Les hommes font ce qu’ils peuvent
Le destin fait le reste
Quand viendras-tu Malone
Aimeras-tu ce monde
D’avance tu nous pardonnes
Si tu le trouves trop immonde
Tellement de misère
De souffrances et de haine
Tellement de galères
Pour le moindre « je t’aime »
Mais tellement aussi
De tous petits bonheurs
D’innocences épanouies
Comme bouquets de fleurs
Nous t’apprendrons, mon ange
A lutter chaque jour
Pour que ce monde change
Pour un peu plus d’amour
T’apprendrai à écrire
Pour chanter tes colères
Et pour voir ton sourire
Illuminer la terre
Quand viendras-tu, Malone
Aimeras-tu ce monde
Ton île d’Avalon
Le soleil et puis l’ombre
Ton île d’Avalon
Et le soleil et puis l’ombre
Renaud - Malone - Rouge Sang - 2006
Ma plume est une arme de poing / Mes mots parfois sont des grenades
Dans ce monde cruel et crétin / Ma guitare est en embuscade
Contre toutes les barbaries / Contre les silences assassins
Le conformisme des nantis / Et l'ignorance des gens de rien
Car si jamais une chanson / N'a fait tomber un dictateur
Si la tyrannie, l'oppression / Vivent toujours de belles heures
Je sais que j'écrirai toujours / Comme un acte de résistance
Outre quelques chansons d'amour / A l'encre noire de la violence
C'est pas donné aux animaux / C'est la mission des baladins
De combattre avec des mots / De faire des couplets des coups d'poing
J'ai retrouvé mon flingue / Il était dans mes rimes
Attention je déglingue / Je dégomme, je décime
Au premier rang de mes colères / L'Amérique du grand capital
George Bush et ses chiens de guerre / Et son putain d'ordre moral
Son modèle de société / Mi decadente mi puritaine
Sa peine de mort légalisée / Par des Cours que l'on dit Suprêmes
Sa sous-culture qu'il voudrait bien / Imposer à la terre entière
Coca, Mac'do, rappeurs crétins / Disneyland et Schwartzeneger
Loi du plus fort, loi de la jungle / Consommation et pollution
A chaque citoyen son flingue / Amour du drapeau à la con
Je rêve que vivent un jour / Dans ce pays dégénéré
Des centaines de Mickaël Moore / Des Luther King par milliers
J'ai retrouvé mon flingue / Il était dans mes rimes
Attention je déglingue / Je dégomme, j'extermine
Autre fléau, autre danger / Ces putains d'églises à la con
Les évangelistes timbrés / Rabbins, Ayathollas, curetons
Combien de guerre, combien d'horreurs / Ces imbéciles ont engendrées
Par leurs discours de malheur / Sur des masses de demeurés
Tous ceux-là considèrent la femme / Comme une pute ou une sainte
Promettent la damnation de l'âme / A qui ne vit pas dans la crainte
Trouverai-je jamais les mots / Pour dire mon mépris profond
De tous les dieux, tous leurs dévôts / Et de toutes les religions
La mienne se résume en fait / A l'amour et à l'amitié
A l'amour de cette planète / Où vit l'homme et sa fiancée
J'ai retrouvé mon flingue / Il était dans mes rimes
Attention je déglingue / Je dégomme, j'élimine
Chaque jour ils sont des milliers / Les enfants qui meurent sans bruit
Quand des milliards sont dépensés / Pour sur-armer tous les pays
On mise sur le nucléaire / On surconsomme, on surproduit
Lorsque la moitié de la terre / Crève de faim, de maladie
La charité a remplacé / La justice, et c'est l'Abbé Pierre
Qui doit chaque jour s'y coller / Pour que nos consciences soient claires
Pour faire du spectacle avec ça / Il y a toujours un projecteur
Et toujours une caméra / Comme un vautour sur le malheur
Avec l'horreur ils font du fric / Et avec la mort de l'audience
Notre époque est télé-merdique / L'info remplace la connaissance
J'ai retrouvé mon flingue / Il était dans mes rimes
Attention je déglingue / Je dégomme, je décime
S'attaquer aux moulins à vent / De l'injustice, de la misère
Comme je le fais de temps en temps / Dans mes petites chansons colère
Ça relève de l'utopie / Mais y a-t-il autre chose à faire
Poser des bombes, prendre un fusil / Ou suivre le troupeau pépère
Qui imagine changer l'histoire / En votant pour quelques gangsters
En déléguant tous les pouvoirs / A des politiciens pervers
Vienne un jour ce monde impossible / Où les enfants seront bénis
Où nulle femme ne s'ra la cible / De la violence ou du mépris
Où les hommes vivront d'amour / Comme l'ont dit d'autres que moi
Où plus personne ne sera sourd / Aux cris de détresse ou d'effroi
J'ai retrouvé mon flingue / Il était dans mes rimes
Attention je déglingue / Je dégomme, je décime
Je dégomme, j'extermine / Je dégomme, j'élimine
Je dégomme, j'assassine
Renaud - J'ai retrouvé mon flingue - Rouge Sang - 2006
Des armes, des chouettes, des brillantes
Des qu'il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu'il faut caresser comme pour le plaisir
L'autre, celui qui fait rêver les communiantes
Des armes bleues comme la terre
Des qu'il faut se garder au chaud au fond de l'âme
Dans les yeux, dans le coeur, dans les bras d'une femme
Qu'on garde au fond de soi comme on garde un mystère
Des armes au secret des jours
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poésie dans les discours
Des armes, des armes, des armes
Et des poètes de service à la gâchette
Pour mettre le feu aux dernières cigarettes
Au bout d'un vers français brillant comme une larme
Léo Ferré
(chanté par Noir Désir, Des visages des figures, 2001)