6 avril 2008

Le prénom




Pour Zoë et Quentin, Dimitri, Nikola, Andréas, Aloys, Alexis, Loïs, Arthur, Ulysse, Denys, Orphéo, Yannis, Mathis à Mathéo, Théoni, Thomas, Adonis, Linos, Lysias, Timothée, Lylian, Louis, Hadrien, Colin ont été nécessaires pour élire Théo.

Pour Mariam, il a manqué l’auteur pour décider ensemble. Seule, elle a alors décidé de commémorer le voyage récent de Claudia en choisissant ce prénom catholique pour sa fille, pourtant musulmane.

Pour Mahamady et sa jeune épouse, respectueux de la tradition, il a interrogé son père, en tant que fils aîné. Celui-ci a interrogé l’imam qui a interrogé Dieu (?) qui lui a soufflé deux prénoms : Djamila et Fatimata. Ce sera le premier.

Pour Lionel et Sylvie, il semble que le choix n’exista pas, le prénom de leur fils est connu depuis toujours : Batiste.


Théo soleil

Quatre dingos dansent sur la plage
En Australie, l’eau, elle est sauvage
Trois libellules font des bulles
Et glissent sur ta peau, c’est la canicule

Mais tapoter l’eau fait un effet virtuose
Sur ta peau Théo c’est l’apothéose

Des caramels fondent dans le sable
Leur goût de miel est un peu diable
Des chocolats, rappelle-moi
D’éviter ça pour la prochaine fois

A moins que ta peau Théo, tout l’été dans l’eau
J’la parfume au sirop d’érable de Toronto

Mon rouge à lèvres coule au soleil
Réveille-toi Théo sans toi c’est plus pareil
Où t’es ... Théo ? T’es où ... Théo ?

Tes formes callipyges embrasent ma fièvre
Sais-tu Théo a quoi je rêve ?
A l’apocalypse de ta peau d’épice
A l’après-midi d’une folle éclipse

L’eau, dis c’est toujours aussi froid ?
Vois l’odyssée d’amour de mes doigts
Qui taquinent tes rêves je le vois
Aux frissons de chair que tu as

Quatre dingos
En Australie, l’eau
Trois libellules font des bulles
Et glissent sur ta peau, c’est la canicule
Quatre dingos
En Australie, l’eau
Trois libellules font des bulles
Pendant que tu dors sous ton vieux pull
Quatre dingos
En Australie, l’eau
Quatre dingos
En Australie, l’eau
Trois libellules font des bulles
Pendant que tu dors sous ton vieux pull
Théo je t’adore
Théo je t’adore
Théo je t’adore
Même quand tu dors
chut !

Daphné, Théo Soleil, extrait de « L’Emeraude »














Telle est, en définitive, la ligne de démarcation entre le sommeil des bébés et celui des adultes : explorer des terres inconnues pour les uns, retrouver une énergie dépensée pour les autres. D’un côté, on s’émerveille, de l’autre, on se reconstitue. Ce qui tendrait à expliquer que les bébés s’endorment à tout instant, n’importe où et dans toutes les positions, assis, couchés, arc-boutés à un buste, en voiture ou en poussette, dans le silence ou le vacarme, quelle importance. Pressés de rejoindre leurs terres, pourquoi diable attendraient-ils la nuit ou une prétendue heure de la sieste ? Dès qu’un enfant proteste au moment d’aller dormir, c’est que ce monde lui est devenu inaccessible. A l’inverse, arracher un bébé au sommeil, comme arracher un paysan à sa terre, est mission impossible ou alors se paye d’apocalyptiques hurlements. […]

L’adulte passe à peu près un tiers de la journée à dormir. Le bébé, lui, reste éveillé tout au plus quelques heures par jours, le temps d’attraper goulûment un sein ou de jeter un œil, tantôt à gauche, tantôt à droite. Une fois constaté que rien n’a changé, que tout est bien en place, le sein et le reste, bye bye les amis, il ferme l’œil, suçant sa tétine, et repart faire un tour dans des steppes connues de lui seul, se vautrant dans les mousses et les lichens. Pas un instant à perdre. Est-ce déjà l’éveil de la conscience du temps ?

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2008.



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