14 février 2008

La zébrure

L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.

Arthur R.




















L’issue infinie

Tu ouvres
en moi des contrées entières
de résistance à l’ombre
La nuit du corps
est si fougueuse
Toutes les lumières du cœur
ne suffisent même pas
pour m’éclairer
Mais ton corps montre
un silence qui a des agissements
de lustre

Ne m’offense pas amie
les nuits sont encore si longues
mais déferle
et enfièvre-toi de laine
Maintiens enlacés tes bras
autour du besoin nuptial
histoire de nuancer
la lumière pour cerner l’aube

Ce félin désir où tout
nous pousse est notre
défaite sur la victoire des draps
victoire blanche et froissée

Le désir est stridence aiguë
au fond profond du ventre
Nous avons bu l’espérance vive
dans l’ogive innommée
du pubis quand avec la fougue
la plus belle du monde
tu jaillissais de tes chairs
ensorcelées par ta bouche
et pour mes yeux
tu voulais me montrer
l’issue infinie du baiser
exhorter mon sang à chanter
tes forteresses tu scintillais vive
comme une terre affamée
et moi réduit à vénérer ta nuque
je sommeillais fougère arborescente
au bord des draps

L’homme dit-on
est un dieu penché
et moi sans issue
j’étais penché pour de bon
sur les berges boisées
du baiser

Je m’aventurais vers ton cœur
les yeux
et les poings fermés
La virginité de tes silences
m’était si agréable
l’arôme de ton corps
épuisé avait des allures
capiteuses

Nous étions les propriétaires
sauvages de ta beauté embrasée
de ton ombre avide
et comme toujours
tu étais ce chef-d’œuvre
de limpide nudité

Sony Labou Tansi, L'issue infinie, dans Poèmes et vents lisses, Le bruit des autres, 1995.
















De Rimbaud : Laisse l’envol aux guenilles et va léger aux claires voyances, dans les franges d’un désordre raisonné autour d’une vision – ô l’éphémère zébrure qui subodore l’autre paysage du monde… - Sentimenthèque.

Patrick Chamoiseau, Ecrire en pays dominé, Gallimard, 1997.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est magnifique cette rencontre entre Rimbaud et Sony Labou Tansi!

Je découvre cette artiste grâce à ce blog: quelle puissance dans les mots et les images!

Merci pour ces zébrures!

Amandine