7 juillet 2006

Les ioniennes toujours













Petite mer verte de treize ans
Je voudrais t’adopter
Et t’envoyer dans une école d’Ionie
Apprendre absinthe et mandarine
Petite mer verte de treize ans
Pour que dans le phare à midi
Tu fasses tournoyer le soleil
Entendre le bruit du destin
Et comprendre comment de colline en colline
Ont conspiré jadis nos ancêtres
Face au vent comme des statues
Petite mer verte de treize ans
Et qu’avec tes rubans, ton col blanc
Tu entres à Smyrne par la fenêtre
Pour recopier au plafond les reflets
Des Doxa soi et Kyrie éleison
Et que le vent du nord et que le vent de l’est
Vague après vague te ramènent
Petite mer verte de treize ans
Pour qu’hors la loi je dorme contre toi
Et trouve au profond de tes bras
Pierres émiettées les paroles des Dieux
Pierres émiettées les fragments d’Héraclite.


Elytis Odysséas, extrait de l’un de ses derniers recueils, cité par Jacques Lacarrière dans son Dictionnaire amoureux de la Grèce, Plon, 2001.

En pensant à Daphnoula et à ses onze ans ...







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