6 avril 2006

Lieux, lieu


Le Lieu. Il est incontournable, pour ce qu’on ne peut le remplacer, ni d’ailleurs en faire le tour.

Mais si vous désirez de profiter dans ce lieu qui vous a été donné, réfléchissez que désormais tous les lieux du monde se rencontrent, jusqu’aux espaces sidéraux.
Ne projetez plus dans l’ailleurs l’incontrôlable de votre lieu.

Concevez l’étendue et son mystère si abordable. Ne partez pas de votre rive pour un voyage de découverte ou de conquête.
Laissez faire au voyage.

Ou plutôt, partez de l’ailleurs et remontez ici, où s’ouvrent votre maison et votre source.
Courez à l’imaginaire, autant qu’on circule par les moyens les plus rapides ou les plus confortables de locomotion. Plantez des espèces inconnues dans des terres dilatées, faites se rejoindre les montagnes.
Descendez dans les volcans et les misères, visibles et invisibles.

N’allez pas croire à votre unicité, ni que votre fable est la meilleure, ou plus haute votre parole.

- Alors tu en viendras à ceci, qui est de très forte connaissance : que le lieu s’agrandit de son centre irréductible, tout autant que de ses bordures incalculables.

Edouard Glissant, Traité du Tout-Monde, Poétique IV, Gallimard, 1997, pp. 61-62.
































Tout réinventer, c’est sûr, et tout le temps ! Le Lieu sera toujours en devenir, toujours dans le remous des équilibres, toujours avide d’un imaginaire de Diversalité qui aura besoin de lui et qui en prendra soin.

[...]

Le vieux guerrier me laisse entendre : …en résistance ouverte pour l’humanisation du Monde-Relié, on quitte la notion du « bien » ou du « mal », du « juste » ou de l’ « injuste », pour entrer, comme les anciens alchimistes, dans l’horlogerie complexe de forces contraires à équilibrer. Ainsi, on n’est ni en défaite ni en victoire, ni en recul, ni en avancée, mais dans la tension constante du plus vaste et plus beau des désirs… - Inventaire d'une mélancolie.

[...]

Le vieux guerrier me laisse entendre : …sans doute existe-t-il quelque part, dans un coin perdu, dans un peuple oublié du cyberespace, ou dans un quartier mutant d’une mégapole urbaine, les prémisses d’une alternative au développement occidental, une autre manière de penser l’homme-au-monde et d’envisager son épanouissement diversel… (un temps, sa voix revient, mélancolique pollen)… Sans doute cela se met-il en place quelque part de manière anodine, un peu comme ce battement d’aile de papillon détermine cyclone à l’autre bout de la terre ; un peu comme cet œuf simple rumine un dinosaure… (il soupire, puis sa voix lève comme un bond de terre fraîche)… Je suis là, qui l’imagine, et le simple fait de l’imaginer commence à introduire cette idée dans le monde !... - Inventaire d'une mélancolie.

Extraits de "Ecrire en pays dominé" de Patrick Chamoiseau.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Daniel a dit :
Je trouve que c'est une bonne idée ces blogs mais je trouve râlant que ce soit Google qui ait repris. Ne peut-il plus exister de petites entreprises qui restent de petites entrepises et c'est tout.
Pourquoi tout devient toujours mondial pour exister. N'est-ce pas pcq les gens ne suivent que si c'est mondial ? Evidemment si ce n'était pas mondial je ne saurais même pas que cela existe , moi le petit insecte perdu dans sa coquille au milieu du bois de Bierwart ou tout près...
Tu as de belles photos dont la première.

DM
26 juin, 2006

Anonyme a dit…

Kelvin a dit...
kia Ora (Hello) from a blogger down under in New Zealand. I was surfing the blog world when your blog popped up, so I thought I would say hello.
07 avril, 2006

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